Aymeric Parmentier, un nageur au caractère bien trempé
Troisième du 100m brasse aux Mondiaux 2017 de Mexico et du 50m brasse au World Series de Berlin en mai 2018, le Brabançon, qui concourt en classe S14 (handicap mental), est un véritable sportif de haut niveau, à la différence qu’il est autiste…
- Publié le 18-09-2018 à 15h35
Troisième du 100m brasse aux Mondiaux 2017 de Mexico et du 50m brasse au World Series de Berlin en mai 2018, le Brabançon, qui concourt en classe S14 (handicap mental), est un véritable sportif de haut niveau, à la différence qu’il est autiste…
Aymeric Parmentier nage depuis tout petit, mais son éclosion au plus haut niveau ne s’est pas faite en un jour. Il faut dire qu’avec son caractère, le Limalois de 25 ans n’est pas du genre à accepter facilement les instructions. Que ça soit en football ou en basket, deux sports qu’il a essayés, le nageur du Boust de Louvain-la-Neuve faisait tout le contraire de ce qu’on lui demandait.
"Je voulais qu’il fasse du sport" , confie Jacqueline, sa maman. "On a essayé plein de disciplines. Le foot, ça n’a pas fonctionné car il est assez égocentrique. Le basket, idem. Il n’acceptait pas les règles en fait. ll marquait contre son camp car pour lui c’était marquer. Ça ne le dérangeait pas (rires)."
Pour le triple médaillé de Belgique sur 100m brasse, 100m dos et 50m nage libre, catégorie S14, le déclic dans l’eau s’est produit à 16 ans. Lors d’une compétition Interclubs, Aymeric a reçu sa première médaille. Non pas parce qu’il a fini sur le podium, mais tout simplement parce qu’il avait participé…
"C’était une médaille de mérite si on peut dire. Mais il aurait fait n’importe quoi pour en avoir encore une", explique sa maman.
Dans l’eau, son mental de vainqueur a fait surface.
"Bien sûr, ça n’a pas été facile, mais, petit à petit, on a réussi à lui faire comprendre les règles à suivre, et que grâce à cela il pourrait gagner des podiums", souligne Hélène Parmentier, sœur et coach d’Aymeric.
"Je suis toujours motivé, même si ce n’est pas facile, je veux le faire pour une médaille", confirme le nageur, formé à Fleurus.
"Aujourd’hui, il a acquis cette mentalité de gagnant. Dans n’importe quelle course, il doit avoir l’assurance qu’il peut gagner pour y participer", enchaîne sa maman. "Si vous lui proposez de courir un 400m contre les Borlée, il ne le fera pas car il sait qu’il perdra."
L’apprentissage a été long, et plein d’écueils. Comme appréhender de nouveaux environnements. Aymeric ne supporte pas, ou très peu, les changements de piscines. Il n’était pas rare de le voir complètement déboussolé quand il arrivait dans un nouveau bassin lors d’une compétition. Et cela affectait ses performances. Pour l’aider, sa maman et sa sœur ont trouvé une astuce.
"Avant chaque course, on a mis en place une routine, des choses qui lui sont familières et qui restent fixes. Aymeric a les mêmes rituels (faire le même échauffement par exemple). Cela permet qu’il se sente bien et surtout à l’aise, même dans un endroit qu’il n’a jamais vu", explique sa sœur.
Aujourd’hui, ce fan du groupe de rock Muse se sent comme un poisson dans l’eau lorsqu’il enfile son maillot de bain. La natation lui permet d’être plus clame. Un début et une fin clairs : il sait quand ça commence, il sait quand ça finit. De petites choses qui lui permettent d’être aujourd’hui un excellent nageur. Et si les médailles obtenues le sont principalement en brasse, notamment la plus prestigieuse, de bronze, aux championnats du monde de Mexico, c’est en dos qu’Aymeric a les plus grandes chances de performer dans le futur.
"Je suis certaine qu’il fera un bon dossiste, car il est grand en taille et possède un dos très long", affirme sa sœur. "Même si en brasse, il est dans les 10 meilleurs européens voire même mondiaux"
Comme en atteste son bel Euro de Dublin au mois d’août.
Aligné dans quatre discipline différentes, le nageur de Limal qui concourt en classe S14 (handicap mental) a été solide durant ces championnats. Dès le début, lors du 100m brasse, sa spécialité, Aymeric Parmentier a battu son propre record de Belgique en série. Qualifié pour la finale le soir même, il a une nouvelle fois amélioré son record. Il termine 5e, en 1:09.07. Le 100m dos a ensuite été un nouveau moment fort des championnats. Cinquième des séries, il se qualifie pour la finale. Une mauvaise gestion de sa fin de course lui vaut de terminer 7e, juste derrière son compatriote Yannick Vandeput. Le nageur participe ensuite au 100m papillon. Novice dans cette discipline, il parvient malgré tout à accrocher une place en finale. Entraîné par un nageur ukrainien nagé à côté de lui, il nage ses premiers 50m à une vitesse très soutenue. Il paye par la suite ce départ et termine à la 8e place en 1:07.27.Pour sa dernière compétition, le 200m 4 nage, Aymeric Parmentier termine en force. En série, il bat le record de Belgique et se qualifie pour la finale. En finale, il nage une nouvelle fois à son meilleur niveau, terminant à la 6e place avec un nouveau record de Belgique : 2:19.88.